Par Alisseyni Sarr, alisarr06@yahoo.ca
Nous, populations de Demette, dénonçons les pratiques abusives et humiliantes de la gendarmerie de Démette, située dans l’île à Morphil, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Ce que j’ai vécu récemment à Boki, lors d’une simple visite familiale, est indigne d’une force censée protéger les citoyens.
Les ramassages nocturnes à 22h30, et parfois même à 20 :00 menés par les éléments du Commandant Camara, sont des opérations brutales, sans aucun respect des droits humains. Des jeunes interpellés, arrachés à leurs commerces, leurs ateliers, à leur charrette en rentrant du travail et parfois devant ou dans leur domicile! Moi-même, embarqué en revenant d’une visite un soir de chez Monsieur le Maire, j’ai voulu appeler mon frère pour les avertir, mon téléphone a été confisqué!
Refus catégorique, humiliation, détention arbitraire,
À la brigade, ce soir-là, nous avons été retenus toute la nuit, sans reçu, sans décharge, et on nous a demandé de payer une somme de 3000 F CFA chacun. Beaucoup de jeunes me disent même que parfois ils demandent 6000 F. Quand j’ai exigé des justificatifs, on m’a répondu qu’il n’y en avait pas. Ce n’est qu’à l’arrivée du Commandant Adjoint que nous avons été relâchés et remboursés — preuve que l’abus était reconnu. Ces pratiques sont devenues une routine.
Mais ce n’est pas un cas isolé.
Lors des matchs de football inter-villageois, des agents planifient des opérations de rackettage déguisé : deux groupes positionnés aux sorties des village interceptent des dizaines de charretiers, sous prétexte qu’ils n’ont pas de lumière pour rentrer. Ces charretiers assistent aux matchs, et leurs charrettes constituent le seul moyen de transport pour les supporters dans cette zone. Résultat : extorsion d’argent, intimidation, et humiliation.
Les agents du Commandant Camara bafouent et ridiculisent le discours officiel. Leurs pratiques vont à l’encontre du discours du ministre de l’Intérieur, tenu cette semaine à Matam, qui appelait à une sécurité collaborative au service des communautés. Si la gendarmerie de Démette veut combattre le banditisme et les trafics transfrontaliers, ce n’est pas en brutalisant et en rackettant les populations qu’elle y parviendra, mais en collaborant avec elles — car elles sont les premières victimes de l’insécurité.
J’interpelle nos autorités administratives, la préfecture, les maires, nos autorités religieuses ainsi que toute la jeunesse de l’Ile à Morphil! Ah oui, les agents sensés veiller sur notre quiétude refusent même qu’on prie dans leurs locaux durant la garde à vue! Pire, un agent va même jusqu’à dire qu’il n’y a pas Dieu ici à la suite de ma question de vouloir faire mes ablutions pour prier!
– J’interpelle le ministre de l’Intérieur sur les agissements humiliants que les agents de la brigade de Démette infligent aux populations du Daande Maayo.
-J’interpelle la Jeunesse du Daande Maayo, notamment des villages de Démette, de Boki et de Walalde à dire non à ces pratiques d’un autre âge! Ceci devrait être votre combat!
Nous disons oui au contrôle sécuritaire ! Et les populations de l’île à Morphil ont toujours collaboré pour éradiquer ces phénomènes mais NON au rackettage et à la terreur contre les honnêtes citoyens!
Vous avez parfaitement raison et cela doit impérativement cesser. je crois qu’ils devaient songer à la population et ils sont là pour les sécurisé mais pas pour créer des tensions qui nous apportent rien à l’avenir.