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Monsieur le Ministre des Sports,
La Fédération Sénégalaise de Judo et Disciplines Associées (FSJDA), a reçu de la Direction de la Surveillance des Constructions et de l'Occupation des Sols (DSCOS), l'ordre de libérer les locaux qui abritent présentement, le Dojo National Maître Amara DABO et ceci dans les 72 heures qui suivent la sommation.
Cependant, cette injonction émanant d'une Direction du Ministère des Forces Armées et adressée directement à une structure privée même si elle est chargée d'une mission de service public, sans pour autant passer par la puissance délégataire de ce pouvoir pose très sérieusement un problème d'hortodoxie adminnistrative comprise dans le sens du respect de la voie hiérarchique.
Mais, au delà de cette remarque de forme, la mesure inoportune à plus d'un titre pose réellement des problèmes de fond qui sont déclinés en termes de compréhension par nos gouvernants des enjeux du sport moderne dans nos sociétés.
En effet, comment un État ayant opté pour la cogestion dans la mise en œuvre de sa politique sportive puisse de manière aussi désinvolte, faire une sommation à un de ses démembrements avec à la clé des menaces de mise en exécution dans des délais aussi courts, sans pour autant proposer des solutions alternatives.
Quand au sait que le dojo national Maître Amara DABO au delà de la dimension affective et sentimentale qu'il entretien avec des générations de judokas, renferme des tonnes de matériel pour une valeur estimée à des centaines de millions de francs.
Ensuite, au nom de quoi, un État, avec un déficit très prononcé en infrastructures sportives, particulièrement dans le domaine des arts martiaux, peut-il aliéner le seul dojo national du pays et pour, on ne sait quel autre projet qu'il juge plus significatif ou plus sérieux que la formation d'un sportif?
Comment aussi, un État, conscient des enjeux du sport, peut-il se donner le droit de priver une fédération en course pour les qualifications des Jeux Olympiques de "Paris 2024 et en préparation pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar "2026", son centre d'entraînement pour ses équipes nationales, son lieu de compétitions et son siège social?
Pourquoi enfin, un Etat, soucieux de la sauvegarde de sa mémoire sportive peut-il se permettre de spolier un patrimoine qui a vu passer des centaines et des centaines de champions d'Afrique qui, par leurs sacrifices ont participé de manière significative au rayonnement de la nation?
C'est pour toutes ces raisons, que je m'autorise à vous interpeller, Monsieur le Ministre, vous qui êtes chargé de la mise en œuvre de la politique sportive définie par le Président de la République, afin de vous demander de bien vouloir être à côté de la FSJDA, afin que le judo et ses disciplines associées puissent sortir indemne de
cette épreuve que lui impose d'autres structures qui n'ont pas le sport comme préoccupation. principale et qui défendent des intérêts que nous ignorons. Car jusqu'à présent nous ne sommes pas édifiés sur les motifs de notre expropriation et au profit de qui ou de quoi pour valoir toutes cette précipitation injustifiée et à la limite suspecte et dont la matérialisation ôtera au judo et aux disciplines associées toute ambition de se développer.
Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l'expression de ma parfaite gratitude et de mon profond respect.
Souleymane Boun Daouda DIOP, ceinture noire 5e Dan, arbitre mondial de judo.
NB: permettez-moi d'espérer que, malgré le contexte marqué par l'organisation de la Coupe d'Afrique de Football, le dossier du Dojo National Maître Amara DABO, aura une place réservée d'ans les urgences du département des sports.
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